Sophie Wahnich

Sophie Wahnich © H. Robert
HISTORIENNE
France
Biographie
Sophie Wahnich, directrice de recherche à l’institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain Laios (EHESS-CNRS), est historienne de la sensibilité politique à l’époque révolutionnaire. Pour mener ce qu’elle appelle une « profanation » des savoirs, au sens d’une restitution au public d’une forme d’histoire critique, elle affirme qu’il faut manifester dans l’écriture de l’histoire une dimension sensible qui postule des valeurs politiques communes. L’histoire est ainsi simultanément de la science historique et une pratique de conscience politique. Si les émotions sont des outils rationnels d’évaluation morale, non seulement indispensables mais indépassables à toute humanité, alors la critique historique ne saurait à son tour se décharger de son implication sensible. D’un point de vue théorique et méthodologique, il s’agit ainsi de ne plus considérer qu’émotions et discours rationnels sont deux sphères distinctes de la vie sociale mais de comprendre comment les déterminations sociales et historiques lisibles dans les émotions sont à l’oeuvre dans des processus de subjectivation et de décision. La démarche est de ce fait pluridisciplinaire et vise à articuler des domaines souvent disjoints : histoire du politique, analyse politique de la souveraineté et de la place de la violence, anthropologie des rituels, de la vengeance, du sacré.
Ses livres s’inscrivent contre une vision de la Révolution aujourd’hui encore dominante, pour laquelle à la « bonne » Révolution de 1789-1790 succèdent flots de sang, massacres affreux, détournements coupables d’une belle idée par les « terroristes », Robespierre, Marat et consorts.