Petit questionn'AIR de Charles Dantzig
• Que sont devenus vos rêves d'enfant ?
Ils sont réalisés. Je suis écrivain.
• Quelle est votre plus grande addiction ?
Ecrire quand je ne lis pas, lire quand je n’écris pas.
• Quel est votre juron, gros mot ou blasphème favori ?
« C’est une merde humaine. »
• Quel est le mot que vous détestez le plus et pourquoi ?
Les mots qui, disons, m’agacent le plus, sont les mots d’intimidation relatifs à la littérature. Ils sont souvent employés par des gens qui cherchent autant à s’intimider eux-mêmes qu’à intimider les autres, sans doute : « rapport au texte », « langue », « mise en danger », « enjeu ». Enjeu, mais qui dit ça ?
• Si vous étiez une figure de style, que seriez-vous ?
L’ellipse, j’espère.
• Quelle facette de votre personnalité gardez-vous secrète au premier abord et pourquoi ?
Venez m’en parler la deuxième fois que nous nous verrons.
• Quelle serait votre plus belle rencontre littéraire (livre, auteur, lecteur, etc.) ?
Robert de Saint-Loup. Je le rencontre d’ailleurs souvent, puisque, chaque été depuis quinze ou vingt ans, je relis tout ou partie d’un volume d’A la recherche du temps perdu. Un garçon délicieux. Il a la qualité la plus rare de l’humanité, le tact.
• Quel serait votre plaisir de lecture coupable ?
De la poésie pornographique hétérosexuelle, je présume.
• Quel est l'écrivain que vous ne lirez jamais ?
Aucun, je tente de ne pas avoir de préjugés. J’écrirai l’histoire de l’homme qui ne lisait aucun des génies les plus reconnus de la terre. « Proust ? Racine ? Shakespeare ? Puisque tout le monde dont des gens si estimables me disent que ce sont des génies, je suis d’accord, ne perdons pas de temps avec ça ! » Et il ne lisait que des auteurs de troisième ou quatrième ordre, ayant en paroles un goût exquis et en pratique un goût déplorable.
• Quel est le son, le bruit que vous aimez le plus ?
La voix d’une personne que j’aime me disant des choses sans conséquence.
• Quel qualificatif décrirait votre bibliothèque personnelle ?
Vorace.
• Rédigez votre épitaphe idéale.
Un taxi m’attend.